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Série Photoshooting 2011 © Thomas Bachler

Violence et Sténopé, le cocktail détonnant de Thomas Bachler

Par Dark Vador


Un artiste allemand, Thomas Bachler, a eu une drôle d’idée en 2007. Faire des sténopés (pour découvrir cette technique photographique) en créant le trou nécessaire pour le passage de la lumière avec une balle de pistolet.

Série Tatorte 2007

En 2007, il crée pour une exposition à Toronto, ce type d’image :

Sténopé Thomas Bachler Tatorte
Série Tatorte 2007 © Thomas Bachler

Le cercle blanc à gauche du banc a été formé par la balle, c’est physiquement un trou. La balle a transpercé le sténopé puis le papier photo pour laisser cet orifice. Cette première série “Tatorte” (scène de crime en allemand) associe surtout une technique de prise de vue à des environnements, des scènes comme si la photo du crime était un crime en elle-même, un crime du crime. Ce type de photo joue ainsi avec la frontière réel-photo. L’approche me parait encore très technique et assez peu frappante si j’ose dire.

Série Photoshooting 2011

Une deuxième série réalisée avec la même technique et le même artiste est plus originale.  Quatre ans après Tatorte, Thomas Bachler a réalisé une autre série nommée “Photoshooting”. Dans celle-ci, il a réalisé des portraits lors d’une exposition à Madrid en 2011.

Le technique est bien résumée dans cette photo de la prise de vue :

Série Photoshooting 2011 © Thomas Bachler
Série Photoshooting 2011 © Thomas Bachler

L’artiste à droite tire sur le sténopé, crée alors un trou par où passe la lumière dans la boite ET le papier photo. La personne à droite de l’artiste doit regarder le sténopé pour la prise de vue. Le résultat est le suivant, parmi les 300 photos réalisées pour cette série :

Série Photoshooting 2011 © Thomas Bachler

Troublant n’est-ce-pas ? Le trou est alors plus violent symboliquement quand il se superpose au portrait. Un sentiment de malaise se dégage de ces prises de vue qui mélangent une technique ancienne de photographie et l’actualité de la violence notamment aux Etats-Unis. Le photographe tue-t-il symboliquement ces personnages ? Le déclic d’un appareil photo est-il une déflagration ? La photo est-elle une forme de sacrifice divin au temps qui passe ?

D’autres questions se posent sur l’attitude des personnes photographiées ainsi. Comment réagiriez-vous si quelqu’un tirait une balle à quelques centimètres de votre tête ? Le bruit, l’impact, l’odeur… et pourtant vous ne devez pas bouger puisque le sténopé impose une pause longue. Drôle de mélange émotionnel qui a du influencer les portraits.

Pour la petite histoire, cette série a été arrêtée car les musées ne voulaient pas d’un tireur à balle réelle dans leurs vénérables institutions !

Comme souvent, j’ai été étonné par l’inventivité et le message d’une création artistique. Si le sténopé est aussi ancien que la photo, certains artistes arrivent encore à trouver non seulement des astuces techniques mais surtout des dispositifs qui nous interpellent pour mieux comprendre et ressentir le monde qui nous entoure. D’autres artistes ont utilisé le pistolet en photographie comme Jean-François Lecourt. L’intérêt du message de Thomas Bachler est de transformer la violence en lumière, le pistolet en outil artistique.

La violence n’est pas une fatalité nous souffle cet artiste.

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