Art et feu d'artifice : Cai Guo-Qiang !
Aujourd’hui, poudre à canon au programme ! Cai Guo-Qiang met toute son énergie dans la création d’immenses fresques à base d’explosions diverses…
Son œuvre la plus connue est très probablement celle mise en place pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de 2008. Il avait alors préparé un feu d’artifice projetant des empreintes de pas successives mesurant 2 mètres chacune sur autant de kilomètres. Le tout, avec 200kg de poudre. Hop.
Cela dit, pour cet article, nous allons plutôt découvrir une facette de son art bien moins volatile. En effet, il crée des tableaux à l’aide de poudre à canon ; voyez plutôt.
… d’aucuns diront que ça en jette pas autant que les feux d’artifices. Non, plus sérieusement, ce qui est intéressant, c’est la technique utilisée !
Tout d’abord, les toiles aux dimensions honorables (16 mètres de long pour certaines) sont disposées au sol. On y ajoute des motifs découpés dans du carton pour protéger certaines parties, afin de créer des formes en négatif. Puis, Cai Guo-Qiang attrape les pots dans lesquels il a stocké la poudre et la saupoudre sur le papier, gérant les doses d’expérience et à l’œil.
Une fois tout l’explosif disposé, il ajoute le cas échéant des éléments végétaux (fleurs, branches) puis recouvre le tout par des planches afin d’étouffer (partiellement) la mise à feu.
En parlant d’allumettes, on arrive au passage impressionnant ! Après avoir lancé un dernier regard sur la préparation, Cai Guo-Qiang embrase la mèche laissée sur le côté (et se recule prestement). Et là… là…
Après cet instant de grâce de courte durée, les quelques volontaires présents aux côtés de l’artiste accourent pour éteindre les foyers restants.
Méthode atypique qui donne des résultats peut-être moins spectaculaires que leur conception mais toujours intéressants ! Pour mieux les situer, voici quelques explications…
Né en Chine en 1957, Cai Guo-Qiang a eu les doigts dans la poudre assez tôt. Il se rappelle ouvrir les feux d’artifices étant petit pour récupérer leur contenu (comportement à éviter de reproduire chez vous)… De même, inventée dans les environs au VIIème siècle, la poudre a rapidement été repérée pour ses capacités destructrices. Pourtant, l’artiste apprécie le fait qu’elle provienne de minéraux divers et produits naturels. Il rappelle d’ailleurs que le terme se traduit dans sa langue natale comme “poudre médicinale”.
La poudre jaune, “realgar”, utilisée dans certaines de ses œuvres est issue d’un minerai réduisant les inflammations et infections.
Cai Guo-Qiang souligne d’ailleurs cette dualité, entre destruction et création, qu’il met en exergue dans ses œuvres. La violence nécessitée pour mettre au monde ses fresques est intimement liée aux entités naturelles représentées. Ainsi, des animaux, des arbres, des fleurs prennent vie au travers des flammes, tels autant de phœnix, symbolisant une renaissance du monde végétal et bestial. On passe de la poudre, élément provenant de la terre, à des illustrations élevées en œuvres.
Outre la coexistence de l’éclatant et du calme, minéral et végétal, les œuvres de cet artiste ont pour lui une vie propre, dans leur temporalité. Elle existent dans l’instant, au moment de l’explosion où elles brillent de mille feux.
“Quand vous allumez la poudre, ça fait ce grésillement et tout explose… C’est là que l’œuvre est la plus proche de vous.”
Étant fasciné par le temps et ses représentations artistiques, cette approche me plaît beaucoup et c’est l’une des raisons pour lesquelles vous lisez cet article actuellement. Pour Cai Guo-Qiang, le moment de violence et de destruction laisse place à un calme songeur, annonçant derrière les volutes de fumée une beauté encore inconnue.
“Mais ensuite je me réveille immédiatement. Mon rêve est court… mais de haute qualité.”
Voilà… C’était moins coloré aujourd’hui, mais je souhaitais vraiment vous présenter cet artiste et sa technique. J’espère qu’il vous a plu ; si c’est le cas, n’hésitez pas à le partager !
Remerciements à ma grand-mère qui me l’a fait découvrir (oui, oui) : t’es géniale, Mamie !