Erik Johansson : surréalisme photo-monté
Erik Johansson réalise des montages photographiques surréalistes à couper le souffle, vibrants d’une poésie moderne et mystique. Loin de nos arrangements amateurs réalisés avec Photoshop acheté légalement Paint 98, ses œuvres oscillent aux croisées d’univers fantastiques. Ouvrez grands les yeux et entrez dans ce monde étrange où les perceptions vacillent…
Quelques exemples de photographies surréalistes
Oui. Oui, c’est supra classe, et carrément bluffant. Il y a dans le décalage de réalité une certaine poésie touchante. Les métaphores souriantes de ses détournements offrent une vision sucrée de son monde artistique. L’univers surréaliste qu’il construit à chaque cliché est riche, varié, et bien souvent agrémenté d’une touche d’humour. On est clairement loin des montages de débutants auxquels je faisais référence précédemment.
Qui est Erik Johansson ?
Né en 1985 en Suède, ce photographe vit désormais à Prague après un passage par Berlin. Amateur de livres pour enfants, il se rappelle s’être imaginé ses propres histoires devant les illustrations de Pettson et Picpus dès son plus jeune âge.
L’artiste cite volontiers le travail de Rob Gonsalves, peintre surréaliste de renom notamment connu pour son pont se transformant en bateaux. À son image, le suédois s’intéresse davantage au récit de l’œuvre et non à l’instant capturé par la photographie. Souhaitant laisser floue la limite entre réel et imaginaire, ses créations prennent racine dans le monde connu avant de subtilement dériver vers des songes inconnus.
Erik Johansson explique dans une conférence qu’il a des bases en dessin, mais qu’il s’est vite intéressé à la photographie. Pourtant, ce processus ne lui correspondait pas, car “tout s’arrête au moment où on appuie sur le déclencheur : il suffit d’être au bon endroit au bon moment”. Et ça, “n’importe qui peut le faire” (shots fired !), ce qui ne lui plaisait apparemment pas. Il a donc décidé de faire en sorte que tout commence à l’instant où il appuie sur le bouton de son appareil.
Une technique photographique de longue haleine
Chaque œuvre d’Erik Johansson demande de longs mois de préparation. D’abord, le jeune homme commence par dessiner de nombreux croquis de son idée initiale dans son atelier. L’ébauche est bien évidemment moins chargée que la photographie finale. L’artiste ajoute :
Dessiner un paysage avec des collines et peut-être une maison est assez simple… Mais trouver cet endroit en vrai, là réside la difficulté.
Ensuite vient donc la phase de reconnaissance. La plupart des clichés de l’artiste sont des agrégats de plusieurs lieux, afin de construire le décor final. Toutes les scènes sont ainsi repérées en amont : chaque détail est minutieusement préparé.
Le photographe raconte qu’il est primordial d’utiliser des clichés ayant les mêmes données spatiales : la perspective et la lumière doivent être similaires d’une photo à l’autre. Ceci est extrêmement important pour la phase suivante : la retouche à proprement parlé. Retour au studio ! Là, l’artiste ouvre Photoshop et se lance dans de longues heures d’assemblage et fignolage photographique.
Une composante majeure de la supercherie visuelle réussie est la suivante : on ne doit pas distinguer où une image finit et l’autre commence. Erik Johansson met un point d’honneur à accorder la couleur, la luminosité et le contraste entre chaque plan. Plus facile à dire qu’à faire, je vous l’accorde.
Il ajoute même des impuretés caractéristiques des photographies afin de parfaire le réalisme… Un vrai travail d’orfèvre !
Peut-être que ce processus ne vous parle pas spécialement et qu’une vidéo vous aiderait à mieux saisir comment il se débrouille, pas vrai ? Vous êtes chanceux ; il a pour habitude de filmer le procédé et d’en faire un court-métrage, accessible via sa chaîne YouTube :
Lever de rideau ! Si cet article vous a plu, je vous invite à continuer votre voyage dans les contrées surréalistes de ce site. Vous pouvez aussi le partager autour de vous, cela fait toujours plaisir !
Pour découvrir le reste du travail du photographe :