Ivana Besevic : portraits et émotions
Ivana Besevic peint de magnifiques portraits ; un fil tendu entre puissance du regard et fragilité émotionnelle.
Oscillant entre Paris et Belgrade, l’artiste du jour s’inspire de films, photographies et musiques pour créer des œuvres saisissantes.
Sortie de la High School of Design puis de l’Academy of Applied Arts de Belgrade, avant d’aller continuer ses études à Paris, Ivana Besevic a longtemps cherché sa voie artistique. Aujourd’hui, elle met en pratique tout ce qu’elle a appris sur les médias traditionnels via Photoshop et crée ainsi ses portraits en art digital, s’inspirant de visuels de films, documentaires ou de photographies mais aussi de ses amis et de sa famille. On note d’ailleurs dans son travail une spontanéité et une instantanéité empruntées de bon cœur aux photographies.
En permanente recherche créatrice, elle inscrit dans un carnet toutes ses idées, dès que l’inspiration lui vient. À ce sujet, elle raconte dans une interview pour Hautepunch (en anglais) qu’elle a arrêté la peinture pendant un an, n’arrivant pas à trouver ce qu’elle souhaitait réellement faire pour s’exprimer. Elle a ainsi travaillé dans la production audiovisuelle, s’est intéressée aux jeux vidéos, au character design et au concept art.
Elle oscille désormais entre un réalisme frappant et une volonté partielle d’atténuer les traits, de laisser un espace d’incertitude dans ses œuvres. Prenant en moyenne une journée complète pour les réaliser, ses créations gardent une texture, une matérialité dérivée de la peinture physique.
Utilisant des formes de pinceaux digitaux plus ou moins customisés selon le résultat souhaité, elle commence par déposer des aplats conséquents pour marquer la forme générale du visage et du buste.
Comme vous le voyez sur le résumé ci-dessus, l’artiste développe ensuite le fond tout en gagnant graduellement en précision. On note au passage que la gestion de la luminosité est mise en place dès le départ : elle n’attend pas le dernier moment pour ombrer et éclaircir les zones du visage, ce qui lui permet de l’ajuster subtilement avec les sur-couches.
Le plus impressionnant, dans son travail, c’est la capacité quasi systématique à présenter l’humain. Ainsi, le réalisme premier de ses œuvres, au-delà de la prouesse technique, réside dans l’illustration de la personne en elle-même. L’artiste n’a pas peur de la peindre vacillant entre beauté et fragilité, dans toute sa complexité émotionnelle.
Dans un article précédent, nous parlions de la fragilité des silhouettes encrées sur du papier journal. Ici, la délicatesse des portraits d’Ivana Besevic réside dans un formule mêlant bouche entrouverte et regards pénétrants. Les yeux fixés sur le spectateurs laissent transparaître une palette d’émotions puissantes. Si certains ont les pupilles clairement humides, d’autres sont plus énigmatiques, laissant le spectateur juger et interpréter le visage de l’autre.
Le propre du portrait, de mettre face à face le sujet avec l’observateur, nous renvoie ici à notre humble fragilité, faisant écho à nos doutes, nos peines, nos sourires esquissés. Les yeux embuées lancent des appels qui se répercutent en nous, rappelant qu’au-delà de tout, il y a la beauté brute de l’émotion, de ce que l’on peut exprimer sans mot ni mouvement, à travers un seul et unique regard.
Se positionnant en ode à l’autre, à ses différences et à sa complexité, mais aussi à son intrinsèque similarité, le travail d’Ivina Besevic nous laisse ressentir simplement et personnellement notre humanité.
J’espère que cette découverte artistique vous a plu. Les portraits sont toujours assez spéciaux à appréhender, j’ai essayé de faire de mon mieux. Dites-moi dans les commentaires ce que vous en pensez et/ou n’hésitez pas à le partager autour de vous ; cela fait toujours plaisir d’avoir une critique constructive et de savoir son travail lu.
On se retrouve vite pour un nouvel article ; en attendant, vous pouvez faire un tour du côté des sélections d’images, qui paraissent toutes les demi-heures, de 7h à minuit.
Lire les commentaires (2)
Elize, le 14 novembre 2016 à 16:56 : #
Effectivement, il ressort de ces portraits une fragilité palpable. Merci pour la découverte.
Dark Vador, le 14 novembre 2016 à 21:26 : #
Très bel article sur cette artiste aux oeuvres si « parlantes ».
J’y vois aussi une intégration des selfies à l’histoire de l’art avec des cadrages très contemporains et un classicisme dans la technique picturale. Je suis toujours impressionné par la capacité de certains artistes à saisir l’air du temps dans lequel nous naviguons tous mais qu’ils saisissent avec une sensibilité particulière.
Les autoportraits photographiques envahissent les murs Facebook mais ces peintures montrent toute la beauté d’un regard extérieur et sensible, plus sensible qu’un capteur numérique.
Le regard de ces beaux portraits c’est aussi le regard de l’artiste qui le voit ou l’imagine, un regard du regard.
Merci d’avoir partagé cette très belle découverte avec ces mots si bien choisis comme d’habitude.