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Mosaïque d'oeuvres diverses publiées sur l'artboratoire

Comment protéger ses oeuvres du vol sur internet ?

Par sila.


Publier ses créations sur internet entraîne malheureusement le risque de les voir repostées, sans respect du copyright. Découvrons ensemble comment vous, artistes, pouvez vous protéger de l’usurpation d’oeuvres d’art avec 3 méthodes et demi efficaces !

Note importante ajoutée en 2024 : cet article a été publié en 2018 et ne contient donc pas d’information à jour pour les nouvelles modèles d’IA génératives. Merci d’en tenir compte à sa lecture et bon courage dans votre quête.

Pourquoi protéger ses créations sur Internet ?

Que vous soyez amateur ou artiste professionnel, vos oeuvres sont le fruit de plusieurs heures de travail et ont une réelle valeur. Lorsque quelqu’un poste une de vos illustrations ou photographies sur sa page Facebook sans vous créditer, tout le trafic généré qui aurait dû vous revenir est perdu, toutes les personnes qui auraient pu vous suivre, et donc vous aider à développer votre activité, ne verront probablement jamais la couleur de votre photo de profil. Il arrive souvent que des comptes postent une image sans respect du copyright et récoltent significativement plus de mentions j’aime, retweet ou autres, que l’auteur original.

Si jamais vous rencontrez cette situation, la première chose à faire est de signaler la publication, contacter l’administrateur du compte frauduleux pour lui demander soit de retirer la publication, soit de proprement la créditer (profitez-en pour demander un crédit complet : tous vos comptes sur les réseaux sociaux et votre boutique en ligne si vous en avez une).

Un instant, c’est un peu violent ce que tu nous dis là…

– Vous, en ce moment.

Il y a plusieurs raisons à ça : tout d’abord, sachez que la durée de vie d’une publication sur les réseaux sociaux est relativement courte. Un tweet garde de la visibilité durant une vingtaine de minutes, une publication Facebook s’en sort mieux avec quelques heures. En clair, lorsque vous repérez une page qui n’a pas crédité votre oeuvre, il est déjà trop tard : toutes les personnes l’ayant aimée, retweetée, commentée, ou partagée sont déjà parties.

Ensuite, le crédit d’auteurs sur Internet dans le milieu artistique est une simple histoire de temps et de volonté. Si l’administrateur de la page avec ses 500 000 abonnés l’avait souhaité, il aurait très bien pu faire une rapide recherche et vous créditer. Cela lui aurait pris 5 minutes et je n’exagère pas.

Voilà pourquoi je préconise de demander la totalité du crédit peut tenter de compenser le préjudice (l’administrateur du compte a peut-être réellement cherché et n’a pas trouvé, sait-on jamais…). Là, il y a deux possibilités : soit vous rencontrez quelqu’un qui se répand en excuses et vous crédite comme spécifié sur le champ, soit… Pas de chance, le gérant ne répond pas, voire refuse. Votre travail est donc utilisé sans aucune autorisation, sans vous créditer ; toute l’exposition potentielle est perdue et quelqu’un en tire des bénéfices. Ah, oui, parce qu’évidemment, tout traffic sur un site internet pourri de publicités entraine revenus. Grâce à vos oeuvres. C’est du vol, purement et simplement.

Dans ce cas : il faut signaler le compte en masse ; cela évitera qu’il continue de s’accaparer le travail des autres pour en tirer bénéfice. Durant cette démarche ou dans le cadre d’une procédure légale, vous allez peut-être avoir besoin de prouver que vous êtes bien l’artiste créateur et les différentes techniques qui suivent dévoilent ici tout leur potentiel !

La signature ou le watermark

La première solution, la plus simple et évidente, est la signature. Cela fait plusieurs siècles que les artistes apposent leur nom sur les oeuvres, pour différentes raisons. Parapher vos créations avec votre pseudonyme et/ou un lien vers votre site vous assure que, même si l’image est repostée sans vous créditer réellement, les visiteurs sauront d’où cela vient. Certains préfèrent la réaliser à la main, d’autre numériquement en légère transparence… Chacun sa préférence : il suffit de trouver un bon compromis entre visibilité et respect de la composition de l’oeuvre.

Corps - Janusz Jurek
Exemple de signature avec site internet - Janusz Jurek

Une signature en bas à gauche est discrète, mais laisse la possibilité à une personne malintentionnée de couper votre illustration pour se l’approprier. Afin d’y remédier, une technique souvent utilisée dans la photographie peut vous intéresser : le watermark. Ici, la paraphe, légèrement transparente, occupe une place centrale dans l’image. On peut citer comme exemple classique les images Shutterstock. Impossible de l’enlever sous Photoshop, crédit forcé assuré ! A vous de voir quel niveau de transparence vous souhaitez atteindre…

Fête des morts - Marta Nael
Exemple de copyright watermark - Marta Nael

Par rapport à notre problématique initiale, la signature et/ou le watermark sont les meilleures solutions pour être crédité passivement et ainsi espérer intéresser certains internautes navigant sur des pages Facebook sans respect pour le droit d’auteur. Bien que ces techniques aient leurs faiblesses, je vous conseille de toujours signer vos créations, même si c’est en tout petit dans un coin. Les flemmards malhonnêtes qui ne vous créditent pas mettront tout autant d’effort à rogner votre illustration ou photographie.

Cela dit, il existe de nombreuses autres manière de prouver que l’oeuvre vous appartient sans placarder un texte transparent en plein milieu. Les méthodes suivantes sont davantages destinées à légalement établir l’appartenance d’une création et moins à indiquer aux visiteurs qu’elle est à vous.

Une solution étonnament simple est de rogner l’image originale avant de la publier. Ainsi, vous êtes propriétaire de la seule création complète. Si besoin, vous pouvez prouver que vous possédez votre création dans ses dimensions maximales et ça, le voleur aura du mal à le faire !

Un inconvénient indubitable de cette technique est que l’on perd une portion de l’oeuvre. Pas question d’en enlever la moitié, mais il faut tout de même rogner un minimum d’un côté ou de l’autre pour qu’un bidouillage rapide soit hors de question. Si vous avez la possibilité de le faire, faites-le. Avec le watermark, c’est la meilleure méthode pour prouver que vous êtes l’auteur d’une oeuvre, et elle est probablement moins invasive que son homologue transparent.

Les métadonnées : quand rogner est impossible

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une image n’est pas seulement un ensemble de pixels. En effet, des métadonnées (metadatas en anglais) les accompagnent presque toujours. Invisibles, ce sont des petits morceaux de textes que peut lire l’ordinateur et qui donnent des informations diverses comme l’heure à laquelle a été prise la photo, l’appareil, le lieu… Généralement, on parle de metadonnées “EXIF” pour les réseaux sociaux car ces derniers en sont friands pour suivre à la trace leurs utilisateurs et récupérer un maximum d’informations sur leur vie-pas-si-privée.

Dans le cadre du copyright des oeuvres d’art sur Internet, les métadonnées peuvent vous aider à signer numériquement vos créations ! Ici, le standard IPTC (International Press Telecommunications Council) fait loi : il vous permet de correctement renseigner toutes les informations relatives à vos illustrations ou photographies. Ainsi, vous pouvez indiquer votre nom, un moyen de contact (par exemple, votre site internet), la licence sous laquelle votre création est mise à disposition, etc. De nombreux professionnels l’utilisent pour gérer leurs contrats et il est reconnu sur le web, notamment par Google qui crédite les images en se basant sur ces métadonnées.

Exemple du standard IPTC : détail du copyright
Exemple du standard IPTC : détail du copyright

La plupart des logiciels de gestion d’images avancée vous permettent de renseigner des métadonnées, Gimp ou Photoshop en tête de liste. Je vous laisse chercher le tutoriel vous convenant le mieux en tapant “métadonnées [nom du logiciel]” sur votre moteur de recherche favori.

Les limites des métadonnées

Si les métadonnées peuvent sembler constituer la solution miracle, il y a une raison pour laquelle je ne les présente que maintenant. Tout d’abord, la plupart des réseaux sociaux les supprime : lors du téléversement, la plateforme enlève consciensieument tout le texte que vous aviez mis tant de temps à renseigner. Bon, elle vous évite au passage de publier les coordonnées GPS qui trainaient là, ce qui n’est pas si mal. De même, il existe de nombreuses méthodes (manuellement ou via un site internet prévu à cet effet) pour supprimer les métadonnées d’une image. Pas de bol, c’était trop beau.

Néanmoins, il est toujours conseillé de signer numériquement vos créations avec les métadonnées. Si cela ne vous aidera probablement pas à prouver sur un réseau social que l’oeuvre vous appartient, un tribunal peut recevoir l’argument. De même, les moteurs de recherche vont de plus en plus s’en servir pour qualifier les sites et placer le lien vers votre blog dans les métadonnées de vos illustrations ou photographies pourra vous aider à mieux vous référencer.

Technique bonus : la stéganographie

Si le principe des métadonnées vous a plu, sachez qu’on peut aller encore plus loin avec d’autres procédés stéganographiques. Tous permettent de cacher un message dans une image, mais sans forcément respecter la norme des métadonnées IPTC.

De nombreuses méthodes existent et la stéganographie est une discipline technique extrêmement étandue. Il faudrait un dossier complet à son sujet pour revoir les bases du traitement des images et les applications potentielles dans l’art numérique. Par exemple, au lieu de se servir des données d’en-tête du fichier pour stocker les métadonnées, on pourrait utiliser quelques pixels au centre de l’image et changer légèrement leurs valeurs héxadécimales pour stocker du texte, invisible à l’oeil nu. Ainsi, les différentes solutions de suppression des métadonnées deviennent caduques et il est aisé de prouver que l’oeuvre nous appartient, étant les seuls à connaître l’emplacement des pixels et le système d’encodage. A contrario, la compression de l’image lors de son téléversement sur certaines plateformes (Instagram et Facebook pour ne pas les citer) pourrait poser problème, détériorant la qualité et cachant les pixels…

J’espère que ces 3 méthodes et demi vous ont été utiles. N’hésitez pas à me dire comment vous protégez vos créations ci-dessous et à partager cet article autour de vous pour sensibiliser vos amis et/ou collègues à la protection des oeuvres numériques !


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