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Colleen – Iris Scott

Iris Scott - doigts bariolés de peinture

Par sila.


Iris Scott est une artiste peintre ayant lâché les pinceaux pour créer avec… ses doigts ! Ses tableaux de peinture à l’huile hauts en couleurs regorgent d’une énergie communicative, tout en mouvements impressionnistes.

Deer Demure – Iris Scott
Deer Demure – Iris Scott
Embers – Iris Scott
Embers – Iris Scott
Thirsty Water Lilies – Iris Scott
Thirsty Water Lilies – Iris Scott
Phoebes Reign – Iris Scott
Phoebes Reign – Iris Scott

De la peinture en relief ?

Avec leurs tendances impressionnistes colorées, les peintures d’Iris Scott sont magnifiques. J’apprécie particulièrement sa capacité à insuffler un réel dynamisme dans certaines de ses œuvres (le chien qui s’ébroue, par exemple) ou un calme reposant dans d’autres (les scènes de bassins). L’instant capturé par la peintre est notamment bien reconstitué par les éclaboussures mordorées autour de l’animal ; on voit réellement le mouvement et on sentirait presque les gouttelettes nous consteller le visage.

After the snow fell – Iris Scott
After the snow fell – Iris Scott
Whitetail Deer – Iris Scott
Whitetail Deer – Iris Scott
Shattered – Iris Scott
Shattered – Iris Scott
Bathed In Taxis – Iris Scott
Bathed In Taxis – Iris Scott

Malheureusement, le relief qu’elle peut créer sur la toile est probablement assez peu marqué à l’écran… Qu’à cela ne tienne, on peut toujours l’apercevoir en vidéo (et la musique est chouette, en bonus) !

Vidéo

Retour en enfance colorée

Lorsque peinture est dite, peinture est faite, et avec des pinceaux, une jolie palette, et on pense à ces tableaux hermétiques immenses, qu’on regarde d’en bas étant enfant. Choses d’adultes adultant en cœur, en comprenant évidemment tout ceci et vous disant que c’est magnifique - à n’en pas douter. Je vous offre ici un rafraîchissement de mémoire (et gratuit, avec ça !) : retournons en enfance.

Vous vous souvenez, les classes “d’art(s) plastique(s)” ? Ces merveilleuses récréations étayées par une pédagogie alambiquée, qui ne constituaient alors pour vous qu’un moyen de faire de splendides créations à offrir aux parents ? Ah, non ? Vos enseignants, eux, se souviennent de la fameuse étape peinture à la main, qui se soldait par un nettoyage total de la salle.

Car oui, on peint à la main. Le pinceau, c’est encombrant, impossible à laver correctement, on l’écrase, ça se plante dans les yeux… Bref, on préfère faire avec ses pitits doigts. Et quoi de plus agréable que de tremper ses mains dans le cambouis pour ensuite en badigeonner tout ce qui se trouve autour de soi ? Ah, souvenirs, souvenirs…

Pour en venir au fait suivant : l’artiste américaine du jour a lâché le pinceau et se sert de ses doigts, recouverts de gants protecteurs, pour produire ses toiles.

La technique d’Iris Scott

Ayant été des peintres tactiles en herbes, nous pensons avoir une petite idée de son mode opératoire. Pourtant, il y a bien plus que le barbouillage de toile !

Par exemple, pour cette peinture de chien s’ébrouant, Iris Scott a commencé par prendre une centaine de photographies de l’animal.

The juggler – Iris Scott
The juggler – Iris Scott

Elle a ensuite sélectionné celle avec les meilleures éclaboussures, puis la plus jolie tête, puis les balles de tennis… avant d’assembler le tout sous Photoshop. Là, elle retouche le patchwork pour ajuster la luminosité, le contraste, et les couleurs. Cette phase préliminaire occupe environ 2 jours de travail, avant même de toucher de la peinture.

Lorsqu’Iris Scott enfile enfin ses gants, elle commence par produire un fond plus ou moins uni. Ensuite, sans tracé préalable, elle laisse glisser ses doigts pour esquisser le contour du sujet. Le reste de la toile naît de ses empreintes digitales.

Enfin, pour savoir si son travail lui convient, elle utilise la “règle des 10 secondes”. Si, après 10 secondes d’observation, elle n’a pas repéré de détail à corriger, le tableau est officiellement terminé.

Si vous souhaitez l’observer dans son travail, l’artiste a publié plusieurs extraits, comme la vidéo précédente, mais aussi des tutoriels rapides (~30 minutes) en rapport avec une de ses créations. Elle a même écrit un livre (disponible sur Amazon, en anglais), pour les plus motivés d’entre vous.

Mains et pinceaux : biographie express

Iris Scott a manifesté très tôt un intérêt pour l’art et la peinture et s’est donc naturellement lancée dans des études d’art. En 2010, elle vit à Taïwan. Facebook vient de sortir et les utilisateurs commencent à poster des photographies de leurs animaux de compagnie, de leurs plats et… de leurs créations. S’ensuit ce dialogue avec un de ses premiers clients :

Combien ça vaut ?
– 15 dollars.
– Vendu !
– Et pour les frais de ports ?
– … 15 dollars ?

Le coût de la vie à Taïwan étant très bas, elle réalise qu’elle peut vivre de son art, ici, grâce à Internet, “pour le restant de [ses] jours”. Aujourd’hui, l’expérience aidant, elle a appris à mieux valoriser son travail et réside à Brooklyn (USA). Studio et lieu de vie cohabitent, lui permettant d’attraper un des ses 120 tubes de peinture dès que l’envie se présente.

Iris Scott dans son atelier
Iris Scott dans son atelier

Pourquoi le choix de la peinture manuelle ? Hé bien, elle explique qu’un beau jour, alors qu’elle arrivait au terme d’une toile représentant une prairie, elle a voulu ajouter des fleurs jaunes. Or, son pinceau était déjà saturé de bleu/vert et le laver ne l’enchantait guère. En désespoir de cause, elle utilise ses doigts pour finir le tableau et prend conscience que c’est tout de même chouette, d’avoir de la peinture sous les ongles. Morale de l’histoire : ne lavez pas vos pinceaux et utilisez toujours les couleurs les plus foncées en premier !

Inspiration

Si la découverte de cette nouvelle forme d’expression est fortuite, ce sont les longues heures de perfectionnement la suivant qui font l’originalité du travail d’Iris Scott. Ainsi, elle annonce dans une de ses interviews qu’une des meilleures manières de se démarquer est d’expérimenter, comme elle, avec un nouveau medium et de s’y tenir. Peindre avec des cartes bleues, des bâtons, ses mains… L’investissement en temps dans une discipline comptant peu d’adeptes, voire étant nouvelle, on se détachera plus facilement des autres artistes. Il est amusant de constater que la concentration sur une technique en particulier pour en devenir expert dépasse les frontières artistiques et s’approche d’un discours lié au monde professionnel.

À l’image de son acharnement au travail et de son sens exacerbé du détail, Iris Scott approche son art d’une manière perfectionniste et pourtant innocente. Au-delà de son discours de motivation par l’action, elle affiche une résolution farouche à créer pour la beauté même. Qu’importe la vision étriquée qu’en a le monde artistique. Simplement, sans artifice. Avec sa peinture, et ses doigts.


Bonne barbouille à tous, on se retrouve bientôt pour un nouvel article ! D’ici là, n’hésitez pas à partager celui-ci autour de vous, à réagir via les réseaux sociaux (Instagram ou X/Twitter).

Pour suivre l’artiste et en savoir plus sur son travail :


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