Kendra Haste : fauves et fils de fer
Vous vous souvenez des animaux d’Emily Tan, tout en couleurs vives et peinture flamboyante ? Cette fois-ci, la faune prend forme sous les doigts experts de Kendra Haste !
Resituons notre artiste de la semaine : sortant de Royal College of Art, et d’une assemblée de créateurs divers défendant la cause animale (décidément, ce blog porte de mieux en mieux son thème verdoyant), la Society of Wildlife Artists. Voilà, deux noms classes qui signifient que Kendra Haste n’est pas nouvelle dans le milieu, et relativement familière avec le sujet.
Trêve de bavardage, voici le résultat final…
Impressionnant, pas vrai ? Ce qui m’a tapé dans l’œil est l’impression de dynamisme qui respire des animaux représentés. Paradoxalement, on voit le mouvement dans lequel ils ont été figés, toute leur puissance emprisonnée dans les mailles métalliques. Toute la vie qui tente de s’échapper de la structure. C’est là toute la beauté de l’œuvre : on ressent la nature à travers un média dénaturé. L’avantage qu’a la sculpture sur la peinture est la facilité de représentation de la musculature. Non pas que cela soit impossible avec un pinceau (poke Michelangelo), mais le volume réel permet de mieux appréhender les mécanismes internes bandés à l’extrême dans l’élan.
Le léopard est capturé dans l’instant d’avant ; celui qui précède le déchainement de puissance qu’offre sa structure.
Or, pour faire tenir sur leurs pattes des animaux aussi imposants (la grandeur nature, c’est tout de même classe), il faut qu’ils aient quelque chose dans le ventre. Je ne parle pas ici du touriste londonien passant trop près de leur gueule, mais bien de la structure (transition, transition, woahou) métallique qui leur permet de conserver l’équilibre.
Kendra Haste commence par réaliser des croquis de la hiérarchie interne de la bête…
De longues tiges en acier forment ainsi le squelette de l’œuvre. La chair et la peau se composent de multiples épaisseurs de mailles métalliques qu’elle découpe à la pince, plie pour créer la forme souhaitée et tapote avec un marteau pour leur donner le pli final ou les fixer. Le travail exige une certaine patience et rigueur, puisque chaque couche doit être positionnée afin de recevoir convenablement la prochaine.
Ce qui me semble extrêmement gratifiant dans sa démarche, c’est qu’elle ajoute niveau après niveau, et fait naître l’œuvre avec son volume. Elle n’enlève pas de la masse mais en ajoute par touches savantes. À ce propos, l’artiste s’est apparemment longuement documentée sur l’anatomie animale afin de la retranscrire dans ses sculptures, ce qui explique leur réalisme général.
Quoi qu’il en soit, on peut être sûr que la mise en place de ces imposants animaux ont donné du fil à retordre ! Voilà. Fallait que je la fasse, celle-ci. On se quitte sur ça.
Navré pour cette boutade finale, c’était trop tentant. Si vous souhaitez m’insulter à ce sujet, je vous invite à réagir sur Instagram ou X/Twitter.